Pendant près d’un siècle, même depuis le travail de Pavlov, les preuves scientifiques semblaient démontrer qu’une fois qu’un patron de réaction émotionnelle est consolidé (stocké dans les circuits de la mémoire à long terme du cerveau) il devient indélébile, permanent, pour le reste de la vie de l’animal ou de l’individu.
En s’appuyant sur cette présomption d’indélébilité, il a semblé que la meilleure chose à faire pour enrayer une réaction « négative » bien ancrée était de l’écraser et de la contrer en s’opposant à elle avec une réponse « positive » préférable, apprise et construite pour faire compétition à la réponse indésirable. Un exemple commun très répandu dans le domaine équin est d’utiliser la friandise ou un conditionnement pour contrer des réponses d’anxiété ou de panique et cultiver des comportements qui iront à l’encontre de ceux, indésirables, qui s’expriment.
En conséquence, les techniques d’intervention et d’entraînement largement répandues sont une forme ou une autre d’approche correctrice*, comme les apprentissages non associatifs (habituation, sensibilisation, immersion) et les apprentissages associatifs (conditionnement avec renforcement positif ou négatif).
Cependant, il est maintenant bien prouvé scientifiquement que les circuits indésirables de la mémoire implicite demeurent pleinement intacts même lorsqu’ils sont bloqués avec succès par des méthodes basées sur la correction ou l’habituation. La vieille réponse peut donc revenir à tout moment, et donc la vulnérabilité à la rechute est une faiblesse inhérente à toutes ces approches.
Le paysage d’intervention change fondamentalement avec les découvertes récentes des neuroscientifiques de la reconsolidation de la mémoire, une forme de neuroplasticité qui permet à un schéma, ou apprentissage problématique stocké en mémoire à long terme, d’être effacé, réécrit, et non seulement écrasé ou surpassé par l’apprentissage d’une réponse préférable. Pour une revue de la littérature et une explication de la reconsolidation, veuillez consulter la liste de lecture dans l’encadré.
La Réécriture de la Mémoire Équine utilise les mêmes processus que ceux que les neuroscientifiques ont identifiés pour la reconsolidation de la mémoire. Comment est-ce fondamentalement différent de l’approche correctrice? Si un équidé est guidé pour qu’il vive des expériences capables de dissoudre et réécrire les apprentissages ou schémas qui provoquent son anxiété, par exemple, cette anxiété ne va tout simplement plus se produire. Il n’y a plus rien à contourner, corriger ou opposer, et aucune possibilité de rechute. L’anxiété cesse sans avoir besoin d’un processus correctif par lequel l’équidé recevra des récompenses, des punitions ou devra contourner son état anxieux pour construire un état non-anxieux.
Voilà le type de changement profond et durable que la RME © génère. La découverte de cette reconsolidation permet d’avoir une compréhension neurophysiologique de la raison pour laquelle un tel changement peut se produire dans les interventions.
Plusieurs professionnels équins obtiennent de tels changements transformateurs de temps en temps, de manière fortuite. La RME © est pensée pour produire ces changements profonds de manière régulière et systématique dans les interventions des praticiens formés en RME ©.
*approche correctrice : toute intervention ou méthode qui vise à s’opposer, contourner, écraser, punir ou renforcer un comportement ou un état psychologique. Terme utilisé pour différencier les méthodes et interventions correctrices (sans le PRT) des méthodes et interventions transformatrices qui utilisent le PRT.
** Merci à Services équins France Fortin pour sa contribution visuelle (cheval et fille regardant un livre) dans la capsule vidéo de la RME ©.
Bruce Ecker & Alexandre Vaz
New Ideas in Psychology, 66, (2022). doi:10.1016/j.newideaspsych.2022.100945
Sophie Côté & Pierre Cousineau
Dunod (2022)
Bruce Ecker
International Journal of Neuropsychotherapy, 6(1), 1-92 (2018). doi:10.12744/ijnpt.2018.0001-0092
Bruce Ecker
International Journal of Neuropsychotherapy, 3(1), 2-46 (2015). doi:10.12744/ijnpt.2015.0002-0046
Monfils, M-H., Cowansage, K., Klann, E. & LeDoux, J.E. (2009)
Science,324(5929), 951-955
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