(Marjolaine Jolicoeur) – « J’ai toujours été attirée vers les chevaux qui présentaient des troubles de comportement, j’avais pitié d’eux », indique Sandy Letarte, technicienne équine spécialisée en comportement de Saint-Paul-de-la-Croix.
A l’époque de ses études en technique équine à La Pocatière, il n’y avait pas beaucoup de formation au niveau du comportement. Pour venir en aide aux chevaux au point de vue physique mais aussi psychologique, Sandy Letarte a observé pendant dix ans des chevaux à l’état naturel et vivant en groupe. « J’ai fais beaucoup d’expérimentations pour reproduire certains aspects de leur langage car pour s’exprimer les chevaux ont surtout un langage postural. »
Elle explique que le cheval se considère toujours comme une proie comme ses ancêtres. Il porte en lui une dimension sauvage et face à l’humain, cela lui fait vivre de l’insécurité et de la peur. « La domestication lui donne parfois beaucoup de stress et la façon de montrer son inconfort passera souvent par l’agressivité. On impose beaucoup de demandes au cheval, mais on ne le laisse pas toujours s’exprimer. »
En étudiant cette mécanique du langage équin, Sandy Letarte a observé trois types de postures : évaluation, défense et détente.
Fait intéressant, ces trois postures clés apparaissant dans la communication entre équidés se retrouvent aussi lors d’approche avec des chevreuils et des orignaux à l’état sauvage.
Pour entrer en communication, Sandy Letarte utilise le même rituel d’approche que les chevaux ont entre eux.
Le premier sens sollicité par le cheval est la vue. « Il nous voit de très loin et sa vision est périphérique. Notre façon de l’aborder lui donne beaucoup d’informations. Il faut lui laisser la possibilité d’évaluer si la situation est potentiellement dangereuse pour lui. »
Pour lui montrer que nous sommes des amis, la technicienne équine donne quelques trucs. On allonge la main pour que le cheval vienne la sentir et qu’ainsi il baisse son encolure. Le geste doit durer environ trois secondes. Ensuite, on marche en sens inverse pour voir si le cheval nous suit.
Il y a aussi une façon sécuritaire pour le flatter, explique-t-elle : « Contrairement à la croyance populaire, un cheval peut être regardé dans les yeux. Les enfants le font de façon intuitive. Lorsque nous le touchons au garrot situé à la jonction du cou et du dos, son rythme cardiaque baissera d’au moins 11 % parce que la zone est reliée à son ganglion stellaire. Cela le calme. »
Avant, pour entrer en communication avec les chevaux ou pour les « dompter », la force et la violence étaient malheureusement trop souvent de mise. « Les temps changent », fait remarquer Sandy Letarte dont les résultats de ses travaux de vulgarisation scientifique sur le cheval sont publiés en France.
« Mon mandat est d’améliorer le bien-être du cheval dans sa vie domestique et faire en sorte qu’il devienne notre partenaire et non notre adversaire », dit celle qui a fondé le Centre Équin Communication à Saint-Paul-de-la-Croix, il y a dix ans.
Sandy Letarte donne des conférences et des formations d’une ou de plusieurs journées, partout au Québec. Pour des problématiques de comportement, elle se déplace pour rencontrer le cheval dans son environnement et, dans la plupart des cas, le tout se règle en trois séances.
Publié le 20 octobre 2016, sur le site : http://www.journalhorizon.com/sandy-letarte-une-femme-qui-parle-aux-chevaux/
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