Qu’il soit sportif, qu’il serve à nous distraire ou qu’on le considère comme un animal de compagnie, le cheval évolue dans notre environnement depuis des millions d’années, depuis bien plus longtemps que les humains.
Le cheval n’a rien perdu de ses instincts de peur et de fuite que l’homme-prédateur lui faisait sentir quand il le pourchassait pour satisfaire son besoin de manger pour survivre. Jusqu’à ce qu’il eut l’idée de tenter de l’approcher pour monter sur son dos et ainsi changer, à tout jamais, la face du monde.
«Le cheval a constamment besoin de se rassurer, du fait qu’il est une proie.»
Sandy Letarte
Elle constate que l’humain est souvent responsable des comportements indésirables d’un cheval, pas parce qu’il lui veut nécessairement du mal, mais «à cause d’un simple manque de connaissances». Les besoins fondamentaux de l’équidé restent les mêmes que ceux de ses ancêtres, souligne Sandy Letarte. Ils sont ancrés dans ses gènes.
Côtoyer d’autres chevaux; voilà un grand besoin fondamental du cheval. À l’état sauvage, il vit dans un troupeau au sein duquel il tisse des liens à vie. Les concerts de hennissements que l’on entend dans des événements publics ou des lieux de compétitions, où les chevaux, placés dans des boxes, ne se voient pas vraiment, peuvent venir de ce besoin d’échanger quelques contacts physiques.
Dans la nature, le cheval peut manger jusqu’à 18 heures par jour. Il fait partie de la famille des non-ruminants; comme le lapin, son système digestif est caractérisé par un petit estomac. Il a donc besoin de bouger, ce qu’il faisait constamment dans les plaines avant la domestication.
Les scientifiques se sont aperçus que la gestion traditionnelle en box pouvait avoir des effets sur les comportements du cheval. Impact physique, comme des coliques, s’il mange trop de nourriture concentrée sans accès au fourrage ou au pré. Stress psychologique chez celui qui ne côtoie jamais ses semblables.
Marine Cassoret, éthologue, cite en exemple le tic de l’ours. L’équidé balance son encolure de gauche à droite de façon continue, un mouvement qui vise, selon la scientifique, à combler un «vide» comportemental. L’environnement dans lequel le cheval évolue est donc essentiel pour sa santé physique et mentale de manière à ce qu’il soit disposé à apprendre une discipline équestre, par exemple, surtout dès son jeune âge.
Le cheval doit aller dehors pour être en santé, renchérit le Dr Yves Rossier, spécialiste et responsable du Service de médecine sportive équine de l’Université de Montréal à Saint-Hyacinthe. Il doit être soigné, brossé. «Les personnes qui en prennent soin développent une relation profonde avec leur cheval», poursuit le vétérinaire, un deuxième sens qui va leur permettre par exemple de détecter si le cheval est souffrant.
Une relation de proximité, basée sur la confiance mutuelle, peut faire la différence dans une épreuve de compétition, où le cavalier doit émettre des ordres clairs et précis pour encourager sa monture à sauter, puisque le cheval a une vision périphérique conçue pour voir venir au loin les prédateurs, mais pas nécessairement pour voir arriver de près l’obstacle qu’il doit franchir tout droit devant lui.
Le cheval est un être doté d’une grande sensibilité. Il a une conscience, c’est prouvé. Il possède cette capacité innée de vivre dans le moment présent, ce que nous, humains, avons beaucoup de difficulté à faire, comme le remarque la scientifique Marine Cassoret.
«Nous avons plutôt cette tendance à toujours nous projeter dans l’avenir.»
Marine Cassoret
Cependant, il y a une dimension que les scientifiques n’ont pas encore résolue : celle de l’intuition. «Le cheval est capable de me lire tout de suite, dès qu’il me voit, alors que moi, je dois mettre un certain temps pour le sentir», observe Frédéric Pignon, artiste équestre de renommée mondiale. De passage à Rivière-du-Loup dans le cadre de la Conférence équestre du printemps, il a partagé une conclusion que certains reconnaissent : la capacité du cheval à sentir nos émotions.
Frédéric Pignon, qui a grandi sur un élevage en France, est convaincu que le cheval a une longueur d’avance sur nous. L’artiste prépare ses numéros au sol et en liberté en adoptant, avec son partenaire de scène, une approche en douceur, positive, pour l’encourager dans une série de mouvements de plus en plus fluides.
Les méthodes dites naturelles, qui tiennent compte des connaissances éthologiques du cheval, ont de plus en plus la cote chez les passionnés qui pratiquent l’équitation à des fins de loisirs. Elles sont orientées sur la relation humain-cheval plutôt que sur la performance.
La pérennité du cheval canadien passe peut-être d’ailleurs, en partie, par une nouvelle génération de propriétaires qui pratiquent ce genre de discipline en émergence. Des jeunes femmes pour qui la génétique n’a d’importance que dans l’intégralité de l’authenticité de l’animal et, par conséquent, en respect avec son bien-être.
Publié le vendredi 10 juillet 2015 | Mis à jour le dimanche 12 juillet 2015,
sur le site : http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/729042/cheval-bien-etre-annees-lumiere
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